Loi Labbé zéro pesticide
Depuis le 1er janvier 2019, la loi Labbé est entrée en vigueur pour les particuliers sur l’ensemble du territoire. Elle prévoit une interdiction d’achat, d’usage et de détention de tous les produits phytosanitaires de synthèse pour les jardins, potagers, balcons, terrasses et plantes d’intérieur.
Les sanctions encourues
Le non-respect des conditions d’utilisation des produits phytosanitaires prévues par la loi est une infraction pénale qui sera passible de 6 mois d’emprisonnement et de 150 000€ d’amende.
Il s’agit ici de la sanction maximale encourue. Elle sera modulée par le juge en fonction des circonstances.
Le potentiel de la lutte biologique
L’emploi, au jardin, de produits chimiques de synthèse montre aujourd’hui ses limites parmi lesquelles leur toxicité sur l’environnement, la biodiversité auxiliaire, la pollution des eaux de surface et souterraines, la santé humaine mais aussi l’émergence de nombreuses résistances de ravageurs et maladies.
L’utilisation d’ennemis naturels offre de nombreux avantages en comparaison du recours à la lutte chimique. En effet, les risques d’acquisition de résistance des ravageurs sont inexistants. D’autre part, la lutte biologique ne présente que très peu d’effets secondaires. Enfin les auxiliaires utilisés sont assez spécifique vis à vis des ravageurs.
Des alternatives existent
Agir en amont des problèmes
Pour le jardinier amateur, il est avant tout nécessaire de bien connaître sa terre, les plantes, la faune pour anticiper l’apparition de ravageurs et protéger en amont son jardin, par des mesures prophylactiques. Les haies champêtres représentent des leviers d’action importants pour favoriser les auxiliaires naturellement présents et limiter ainsi la pullulation des ravageurs.
Il est, d’autre part, primordial de prendre le temps d’observer son jardin afin d’identifier les maladies et les ravageurs le plus précocement possible et de bien estimer leur niveau de propagation dans le jardin.
Enfin si le niveau d’infestation compromet les récoltes, il est alors possible d’intervenir et de protéger ses cultures. Pour cela le jardinier amateur dispose d’une panoplie de solutions dont le biocontrôle.
Le biocontrôle
Le biocontrôle fait l’objet de travaux de recherche scientifique. Le biocontrôle comprend un ensemble de méthodes de protection des cultures ayant recours à des organismes vivants et /ou des substances naturelles :
- Les macro-organismes: Des ennemis naturels des ravageurs
- Les micro-organismes: Des virus, bactéries ou des champignons
- Les médiateurs chimiques: des phéromones pour attirer ou repousser les organismes ravageurs
- Les substances naturelles d’origine minérale, végétale ou animal
Les précautions à prendre en manipulant des substances naturelles
Les dénominations naturelles, de bases, ou utilisables en agriculture biologique ne sont pas totalement un gage d’innocuité aussi bien pour l’utilisateur que pour l’environnement. Souvent la dangerosité du produit vient de la dose employée et les conditions dans lesquelles le produit est utilisé.
Certains équipements de protection peuvent donc être nécessaires comme des gants, des lunettes et des vêtements de travail.
Enfin pour limiter les risques de projection, il est nécessaire d’appliquer les traitements dans des conditions climatiques adéquates.
Les organismes nuisibles réglementés
L’utilisation des produits chimiques de synthèse sera autorisée dans certaines conditions comme la lutte contre les organismes nuisibles réglementés ; des dérogations pourront également être données contre des dangers sanitaires graves, menaçant la pérennité d’un patrimoine historique ou biologique (Article 8 de la La loi Potier).
La liste des organismes nuisibles établie en 2000 et consolidée en 2016, concerne aussi bien des mammifères, des insectes, des nématodes, des plantes, des champignons, des bactéries ou des virus. Ces organismes sont classés en deux listes distinctes :
- Annexe A : la lutte est obligatoire, de façon permanente sur tout le territoire.
- Annexe B : la lutte n’est pas obligatoire mais leur propagation peut représenter un danger. Les conditions d’interventions seront définies pour une zone par arrêté préfectoral.
Les bulletins de santé du végétal (BSV) sont de bons outils pour connaître rapidement la présence et la propagation de tel ou tel organisme. Ces bulletins issus d’un réseau d’observateurs sont publiés chaque mois. Ces bulletins dressent le bilan de l’état sanitaire des cultures et fournissent de précieux conseils.
Les points de collecte des produits phytosanitaires
Les pesticides non utilisés et leurs emballages mais aussi les produits chimiques d’entretien comme les peintures, les colles, l’antigel, l’essence de térébenthine, etc., ne sont pas des déchets comme les autres. Ils peuvent représenter un danger pour la santé et pour l’environnement s’ils ne sont pas collectés puis traités correctement.
Il existe une filière de gestion des déchets dite « à responsabilité élargie du producteur (REP) », qui rend responsable les fabricants de la gestion de ce type de déchets. Cette gestion différenciée est financée par une contribution dans le prix d’achat des produits. Ainsi « En achetant un produit, vous avez déjà financé son recyclage […] donc le jeter dans la poubelle classique après son utilisation est un gâchis, pour la planète, mais aussi d’argent » rappelle Pierre Charlemagne directeur général d’Eco Déchets Diffus Spécifiques (EcoDDS).
Plus de renseignements sur https://www.jardiner-autrement.fr/loi-labbe-quelles-implications-pour-les-jardiniers-amateurs/